Il fallait à Jacqueline d’Ussel et à la Communauté Saint-François-Xavier une belle audace, en 1969, pour demander à l’Université de Nanterre, encore si proche des bouleversements de mai 68, et à son président René Rémond, l’autorisation d’ouvrir une hypokhâgne à Sainte-Marie. Ce fut le début d’une belle aventure intellectuelle, relationnelle, spirituelle, dont nous fêterons le 10 octobre cinquante ans d’histoire. La classe d’hypokhâgne s’est adjoint en 1976 une khâgne puis a complété dix ans après l’option A/L par l’option B/L. Ce sont aujourd’hui quatre classes qui ont à maintenir la fidélité à l’inspiration initiale… et à ouvrir des voies nouvelles !
Fidélité d’abord, car l’inspiration d’origine demeure actuelle. Si Madeleine Daniélou commença son œuvre par la formation d’étudiantes c’était pour servir un enjeu décisif pour la société d’alors et pour l’Eglise : l’accès des femmes aux études supérieures et à une vie chrétienne à la fois pleinement intérieure et pleinement apostolique. Dans un monde où s’entrecroisent désormais tant de courants divers, dans une société en archipel où les tentations de repli sont fortes, celles et ceux qui poursuivent des études littéraires portent à leur tour la double responsabilité de l’ouverture et de la conviction. Madeleine Daniélou a pensé que seule une vie de l’esprit peut en assurer les fondations, et que seule une vie selon l’Esprit peut en orienter l’élan.
Mais fidélité n’est pas répétition. La toute récente création de SMN Alumni en est un signe ! D’autres appels résonnent aujourd’hui : le pape François a relayé le cri de la terre et celui des pauvres, et les événements récents disent l’urgence d’inventer de nouvelles manières de vivre, de consommer, de travailler, de partager… Il y faut le discernement des opportunités, le courage d’entreprendre et le goût de la rencontre. Ces jeunes que leurs études rendent sensibles aux œuvres du passé et aux évolutions du présent sauront-ils entendre ces cris, saisir ces opportunités, oser ces rencontres ? Sauront-ils s’ouvrir à l’Esprit Saint qui « fait toutes choses nouvelles » et déceler sa présence, à la fois dans l’Eglise et au-delà de l’Eglise ?
Si oui, ils justifieront les cinquante ans d’existence de nos classes prépas, et plus important encore, leur assureront un avenir !
Marguerite LENA, SFX